30 juillet 2016

Haiti : l’ironie de la fete du drapeau

Comme si respecter le drapeau, le symbole de la nation, se résumait aux simagrées qu’ils font dans les rues de l’Arcahaie tous les 18 mai.

Le spectacle est immense ! Le 18 mai, ils sont tous des haïtiens. Des haïtiens authentiques surtout. Vive le bicolore ! Au milieu de deux bandes d’étoffes, ils dansent, chantent et font des parades. Ils changent leur profil WhatsApp, publient des photos sur Facebook et diffusent également d’intéressants messages à travers les réseaux sociaux.  Bleu et rouge pullulent le long des rues. Les voitures, les motocyclettes et  les bicyclettes sont décorées. Les politiques ne ratent pas ces occasions pour témoigner de leur amour envers le drapeau, l’emblème de leur patrie. Pour les médias, n’en parlons même pas, c’est l’un de leur  marronnier.

Mais à quoi cela rime-t-il si le drapeau n’est important que le 18 mai ? C’est comme la première communion des mauvais catholiques. Ils sont intéressés par la fête et non par le sacrement. Est-ce-que publier des photos en bleu et rouge fait de quelqu’un un haïtien authentique, un patriote ?  Combien d’entre eux se souviennent qu’à 8h00 AM, le bicolore s’apprête à flotter sur le mat des institutions ? Combien de ces haïtiens connaissent l’hymne national ? Ils sont combien à savoir quelles attitudes adopter lors de la montée du drapeau ?

Le drapeau ne signifie plus rien pour une bonne partie de la population haïtienne. Hormis la semaine entourant la fête du drapeau, elles sont en quantité négligeable les institutions qui brandissent dans leur porte d’entrée le drapeau haïtien. Parfois, sur des monuments imposants du pays flottent des morceaux de toile, d’un bleu terne et d’un rouge sans vie, maculés de poussière et entaillés par le vent, qu’on assimile au drapeau haïtien. Le plus grave est que, des haïtiens volent les drapeaux neufs après les festivités du 18 mai pour les vendre. Vive le bicolore !

Ces politiques, qui enchainent  discours, déclaration, conférence et publications, ont peut-être ignoré que le culte du drapeau est privé de toute force quand la souveraineté d’un Etat est mise en doute.  Ils avouent chérir leur drapeau, aimer leur patrie en gérant les affaires publiques comme leur propre bric-à-brac. Quel amour pour quelle patrie ? Qu’est-ce-qu’ ils font de bien pour le drapeau pour la patrie ?

Si vous voulez vraiment témoigner de votre amour et de votre respect pour votre bicolore, c’est mieux de vous arrêter et d’enlever votre chapeau à la montée du drapeau. Cette fausse fierté que vous affirmez le 18 mai serait mieux assise si vous vous mettez debout et gardez une bonne posture quand on entonne l’hymne national. Ou mieux, commencez par apprendre l’hymne national, pesez chaque parole et agissez de la sorte. Peut-être qu’en marchant unis, en bêchant joyeux et en formant nos fils, l’union pourra enfin faire la force en Haïti.

Berlie JOSEPH

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