Mesdames, Messieurs, arrêtez ce cirque !

Article : Mesdames, Messieurs, arrêtez ce cirque !
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25 mars 2020

Mesdames, Messieurs, arrêtez ce cirque !

Au bonjour de l’année 2020, il était certain que le coronavirus n’allait pas se limiter à la Chine, et les spécialistes étaient unanimes quand à la prospection d’une propagation d’échelle planétaire. Très vite, de nombreux Etats se sont mis à appliquer des mesures pour se prémunir des risques de contamination massive. Loin de moi l’idée de comparer Haïti avec d’autres pays, mais cette fois, nous sommes foutus.

Au moment où certains États fermaient leurs frontières pour minimiser les risques de contamination, en Haïti, ils faisaient ce qu’ils savent faire de mieux. Comme des vautours autour d’une raclure, les politiques se chamaillaient pour se partager les ministères, les directions générales et d’autres postes importants. Ils étaient tellement absorbés, tellement occupés qu’ils n’étaient pas foutus de penser au coronavirus. De toute façon, selon un vieil adage, « les microbes ne tuent pas les haïtiens », alors pas la peine de s’inquiéter ! A part d’être de fidèles disciples de saint-Thomas, nous adorons la surprise car nous sommes des champions de l’improvisation et des spécialistes en copie-collage.

J’ai particulièrement applaudi la décision de fermer les frontières avec la Chine, la France, l’Italie… Mais j’ai tristement remarqué qu’il était expressément mentionné que les vols étaient suspendus pour l’Amérique du Nord sauf… avec les États-Unis, alors même que c’était le seul pays où les cas de coronavirus pullulaient. Cette décision ne traduit qu’une seule chose : la servitude. Nous sommes tellement bâillonnés par le pays de l’oncle Sam qu’il nous est impossible de lui fermer nos portes même s’il était la plus grande menace du continent. En Haiti, nous avons délibérément fait de l’ingérence une règle et à ce titre, nous devons attendre que les autres décident qui pillera le pays pendant les cinq prochaines années, quand nous devons changer de gouvernement ou avoir un premier ministre nommé non ratifié démissionnaire en même temps qu’un premier ministre nommé pendant plus de six mois, à quel moment nous devons être contaminé par le Covid-19…

Cette fois, vous êtes démasqués !

Les arguments du premier ministre pour se défendre sur la question de fermeture tardive des frontières avec les Etats Unis sont bidons. Qui s’excuse s’accuse. Les américains, sont-ils les seuls à avoir leurs ressortissants en Haïti ? Notre président frotte-manche avec son nouveau gouvernement est la preuve que nous ne pouvons rien faire sans nos fameux voisins du Big Stick. Mais vous vous attendiez à quoi? Vous vous êtes peut-être dit qu’en laissant les frontières ouvertes, vous pourriez mieux pratiquer la mendicité ou quémander quelques restes lorsque le virus prendra un aller simple en notre direction. Et bien non, le pactole n’est pas pour tout de suite ! Votre Excellence, même le vote de la honte contre le Vénézuéla, qui vous maintient au pouvoir malgré les différentes accusations dont vous faites l’objet, ne pourra rien pour vous cette fois.

« Je vous conseille de ne pas attendre les ONG, elles n’arriveront pas tout de suite, elles ont d’autres chats à fouetter. »

Parfois je me dis que vous priez peut-être pour que les cyclones arrivent afin de tailler une belle image dans les calamités des pauvres. Je prends l’exemple du Cyclone Matthew sur le dos duquel le Président Moïse, candidat tout puissant de l’époque, a fait un énorme capital politique en débarquant un bateau rempli de vivres dans le sud, pour ensuite livrer une guerre contre ses patrons. Mais bon, vous ne vous attendiez pas à cela. Et pan, ce n’est pas un cyclone ! Le coronavirus vous a eu ! Je vous conseille de ne pas attendre les ONG, elles n’arriveront pas tout de suite, elles ont d’autres chats à fouetter. Je souhaite de tout mon cœur que j’ai tort mais actuellement, tous les pays ont leur fardeau à gérer, alors ne comptez pas sur leur solidarité. Cette fois, vous êtes démasqués !

Vous serez seuls avec votre système de santé désastreux. Le vin est déjà tiré, il faudra le boire. Vous serez face aux hôpitaux que vous avez construits avec l’argent de Petro Caribe. Vous serez obligés de constater le gout amer de l’inquiétude des malades de l’hôpital général qui dorment à même le sol. Vous serez étonnés de la qualité de soins que vous pouvez vous procurer dans le peu d’hôpital public encore en fonction. Vous inventerez peut-être des moyens pour aller prendre des soins à l’étranger ou privatiserez des lits d’hôpitaux ou des hôpitaux entiers, mais peu importe, vous êtes exposés aux mêmes risques que Monsieur Tout le monde. Le coronavirus ne connait ni les riches ni les pauvres. Vous êtes dans l’illusion si vous vous croyez à l’abri des contaminations pendant que votre gardien qui vous ouvre les portes croupit dans une cage pour animaux et que vos servantes mal payées iront faire les approvisionnements à votre place. Vous m’en direz, des nouvelles.

Ne pas paniquer, qu’ils disaient…

Pour tout ce qui concerne la sensibilisation, Mesdames, Messieurs, vous avez fait du bon boulot ! Tous mes compliments à la ministre de la Santé et de la population qui n’a pas cessé de nous baratiner depuis le début de cette crise de coronavirus. Le MSPP fait des formations pour les médecins tandis qu’à l’hôpital général, ces derniers prennent la poudre d’escampette quand un cas suspect arrive à l’hôpital, faute de protection. Ces comédiens ont annoncé fièrement qu’il y a 200 lits sur tout le territoire pour combattre un virus qui tue et s’accroit de façon exponentielle. Comme vous prônez la transparence, ils sont où ces lits ? Montrez-les nous ! Souhaitons qu’ils ne soient pas dénudés ou transparents comme les stades construits par l’argent du Petro caribe.

« Mais comment peut-on rester chez soi quand on vivote au jour le jour ? »

J’ai écouté avec une grande attention les délires de notre premier ministre flambant neuf, tout feu tout flamme, qui envoyait des fleurs à sa ministre de la santé qui selon lui a fait de son mieux pour avoir ZÉRO cas tandis que les frontières avec les Etats-Unis étaient toujours ouvertes et que les personnes qui venaient de l’Europe ne faisaient l’objet d’aucun contrôle sérieux. Il a annoncé les nouvelles mesures par rapport au confinement de la population et un couvre-feu à l’échelle nationale. Mais comment peut-on rester chez soi quand on vivote au jour le jour ? C’était un premier ministre confiant et rassurant qui  était venu faire son show à la PHTK. Par exemple, il allait réquisitionner des masques, des gants, du gel hydroalcoolique… Et qu’il ne fallait pas paniquer car il connaissait les prix, il n’allait pas se faire avoir.

Bien sûr, monsieur le Premier ministre, nous allons rester chez nous car notre salaire exécrable nous permet de faire des provisions pour des mois, nous nous sommes mêmes permis d’acheter des réfrigérateurs qui fonctionnent au blackout pour les stocker, nous avons assez pour survivre jusqu’à nouvel ordre. Oui, arrêtons tout, pas plus de dix personnes dans un même endroit, la distance d’un mètre au moins est requise, mais continuons à réunir des centaines de pauvres gens entassés comme des sardines pour refaire leur carte d’identité afin de justifier l’arnaque de DERMALOG. Impressionnant !

La menace est réelle

Comme si cela ne suffisait pas, le ministre de l’Éducation et de la formation professionnelle vient de révolutionner les choses en Haïti. Le ministre le plus reconduit du quinquennat vient d’annoncer « la mise en place d’une plateforme numérique pédagogique afin de permettre aux élèves de suivre les cours à distance ». Du jamais vu. Franchement chapeau, pas de commentaires. Je passe. Je connais vos capacités à copier-coller mais là c’est la limite. Depuis quand nos élèves et professeurs savent manipuler les ordinateurs au point de recevoir ou dispenser des cours à distance ? Déjà, en ont-ils ? Le cas échéant, avec quelle électricité et quel internet ? Vous étiez où pendant les 3 mois de « peyi lok » ? Incroyable, tout le monde fait numéro !

Mesdames, Messieurs, pour le pays, pour les ancêtres, arrêtez votre baratin ! Cette comédie de mauvais gout a assez duré, stoppez ce film d’horreur je vous prie ! Reprenez-vous, la menace est réelle, cessez de jouer avec la vie des gens. Peu importe, vous ne récolterez que ce que vous aurez semé car tôt ou tard, il faudra payer la facture.

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Commentaires

Fritzner PIERRE-LOUIS
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Du patriotisme, on en a besoin.
Jusqu'à quand ce réveil patriotique ? Est- ce, le vrai point de départ, après 12 janvier 2010?

Jean Charles Nesly
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Bonsoir Berlie!
C'est du bon boulot que celui-lá. Assez pimenté á engager les glandes lacrymales!
Chapeau.
Je suis autant déçu par cette forme de politique de la circonstance!de l'infantilisme!de la victimisation! C'est horriblement répugnante.